La citrouille bleue

Faisons ensemble en sorte qu’Halloween 2021 soit autist-friendly.

Nous pouvons tous nous adapter afin que les enfants autistes profitent d’Halloween comme tous les autres enfants.

Pour cela, nous pouvons par exemple afficher une citrouille bleue. Cela veut dire que nous savons qu’il y aura des enfants avec autisme (tous les autres handicaps invisibles sont concernés) et que nous nous adaptons.

Vous trouverez ci-dessous le garabit de la citrouille bleue, à imprimer et à afficher à votre porte.

En affichant cette citrouille, vous manifestez ostensiblement votre volonté de rendre le moment agréable pour un.e autiste. Ainsi, vous vous engagez envers lui et ses parents à :
🎃 Ne pas réprimander l’enfant s’il ne vous remercie pas
🎃 Ne pas réprimander l’enfant s’il essaie de prendre tous les bonbons dans votre saladier
🎃 Ne pas insister si l’enfant ne vous regarde pas dans les yeux
🎃 Ne pas insister pour engager la conversation si l’enfant ne vous répond pas
🎃 Ne pas lui créer de frayeur en ouvrant la porte : hurler « BOUH » et autres subtilités qui pourraient lui faire passer le goût de fêter Halloween pendant des années
🎃 Ne pas relever s’il montre des signes d’anxiété
🎃 Ne pas relever si l’enfant vous semble un peu grand pour célébrer Halloween
🎃 Ne pas faire de remarque si son déguisement est simple, sans maquillage, juste un accessoire. C’est peut-être juste ce qu’il peut supporter sensoriellement à son stade de développement.

Rassurer les parents et les enfants sur le fait qu’à votre porte, tout se passera bien, est très important. Cela leur permet de se concentrer sur la fête, et de lâcher, au moins pendant quelques minutes, l’anticipation perpétuelle dans laquelle ils sont forcés d’être.

Afficher une citrouille bleue n’est pas stigmatisant pour les enfants, c’est votre démarche générale et cela préserve l’illusion pour que les enfants puissent en profiter, en restant juste des enfants.

Vous accompagnez un enfant autiste durant Halloween ? Retrouvez nos conseils pour l’aider à passer la meilleure fête possible, depuis le déguisement jusqu’au repas !

Halloween quand on est autiste

Halloween c’est bientôt. Comme toutes les fêtes, il est légitime que les enfants autistes eux aussi en profitent. Cela demande quelques aménagements pour s’adapter à leurs spécificités et leur stade de développement.

Tout d’abord, il faut choisir le déguisement. Si c’est la 1e fois de votre enfant, prévoyez quelque chose de simple, comme un accessoire, un chapeau par exemple. Peut-être ne supporte-t-il rien sur la tête, auquel cas prévoyez plutôt un vêtement, un sur-vêtement. Sinon, vous pouvez voir à plus complexe, maquillage, etc. Dans tous les cas, préférez ce qui lui est confortable, inutile de rajouter une gêne sensorielle aux autres difficultés, ce serait le bonbon sur la citrouille (au moins, j’aurai essayé). Faites des répétitions, testez ensemble à l’avance, devant le miroir, pour qu’il s’approprie son image. Evitez ce qui est trop effrayant. Expliquez lui aussi que les autres seront déguisés. Si vous connaissez à l’avance les déguisements des autres, dites-les lui, si possible en faisant correspondre des photos portrait avec des visuels piochés sur internet. Ne pas reconnaître ses proches peut être, associée à l’ambiance naturellement sinistre et inquiétante d’Halloween, une immense source d’angoisse menant à une crise (n’oubliez pas qu’un autiste vous reconnait grâce à l’image interne qu’il s’est fait de vous, tout changement d’apparence ou de contexte est conséquence de « méreconnaissance »).

Maintenant, la collecte des bonbons. L’effervescence des autres enfants sera forcément perturbante. Mais ça l’excitera aussi. Expliquez-lui à l’avance comment ça va se passer. Pour cela, utilisez le séquencier picto à télécharger ci-dessous, créé par Les Pictogrammes (avis spécial Suisse, le séquencier existe dans les autres langues nationales, demandez-le moi). Accompagnez-le pour éviter les incompréhensions éventuelles avec les inconnus (du type je ne dis pas merci et l’adulte se fâche, ou j’essaie de tout prendre et l’adulte se fâche, etc). N’hésitez pas à faire court, il vaut mieux un petit moment réussi qu’une soirée qui vire au drame.

Halloween, c’est aussi des recettes, une occasion formidable de préparer ça ensemble, en veillant à ce que ça soit ludique et accessible : petits os en pate pizza, biscuits en forme de citrouille… Et s’il n’est pas encore prêt à cuisiner, utilisez-le comme cobaye et faites-lui goûter les préparations, en respectant ses spécificités gustatives.

Si vous faites la fête après, laissez-le.la s’isoler si besoin du bruit et du mouvement. Il en a besoin, il a déjà fait beaucoup d’efforts.

Les parents, on idéalise souvent les fêtes, et c’est nous que nous décevons en 1er si nous plaçons la barre trop haut, en tenant l’autisme responsable. Mais plus votre enfant grandira, plus vos fêtes ressembleront à vos rêves, soyez patient.e. Privilégiez ce qui est concret, palpable dans la fête, le reste suivra.

Enfin, dernier conseil, les autistes, particulièrement les Asperger, ont quand même un rapport tout particulier avec la mort. Prévoyez de prendre du temps, avant ou après Halloween et la Toussaint, pour aborder ces questions tranquillement, répondre à leurs interrogations, les rassurer.

Vous voulez rendre Halloween inclusif pour les autres enfants autistes ? Affichez votre citrouille bleue ! Bien sûr, cette démarche est générale, et vous pouvez avoir des bonbons sans gélatine pour les musulmans, des friandises sans sucre pour les diabétiques, etc. L’inclusion, c’est une volonté d’accueil de l’autre !

Se préparer seul.e le matin

On le sait, l’acquisition d’un nouveau savoir-faire est l’extrémité opposée du vecteur par rapport au gain de temps. Mais on peut quand même concilier les deux extrêmes.

La gestion du temps le matin, c’est compliqué pour tous les parents. Chacun fait face comme il peut. Il y a ceux qui se lèvent 3 heures plus tôt pour être large et faire tout en douceur, il y a ceux qui répartissent et chronomètrent les taches mieux que des militaires, il y a ceux qui font tout eux-mêmes en vitesse et n’ont jamais 1mn pour eux… Mais ce qui est vrai pour tout le monde, c’est que c’est un moment qui est précieux dans une famille, un moment de complicité dans l’intimité d’après-nuit, mais qui peut vite monter en pression.

Je me rappelle avec bonheur tous ces matins de maternelle et de primaire où mon père m’a réveillée en douceur, m’a habillée d’une belle robe, m’a envoyée dans la chambre parentale rejoindre ma mère pendant qu’il faisait chauffer l’eau pour le petit-déjeuner. Là, je réveillais ma mère qui s’asseyait sur le bord de son lit, me coiffait, le plus souvent d’une tresse, et me souhaitait une bonne journée. Puis je descendais rejoindre mon père autour d’une table de petit-déjeuner prête depuis la veille et débordant de choix. J’étais prête pour l’arrivée du ramassage scolaire, et je saluais mon père par la fenêtre jusqu’à le perdre de vue.

Nous avons déjà discuté du besoin de générer des contextes répétés pour qu’un enfant autiste acquière son autonomie, apprentissage qui dans l’ensemble sera plus lent pour lui. C’est un cadeau que nous lui faisons pour le futur, même si c’est un investissement lourd en temps et en énergie au début.

Etre attentif à l’acquisition de l’autonomie ne doit pas se faire au détriment de la stabilité émotionnelle et de la sérénité des enfants. Déjà parce qu’on voudrait tous garder des bons souvenirs de ces moments – avouons qu’on a des boules d’émotions et de sensibilité à la maison qui méritent de se construire sur des images émotionnelles positives fortes. Ensuite parce que la qualité de la journée est inversement proportionnelle à la quantité de reproches qu’on s’est faits le matin. Enfin parce que pour des enfants autistes, c’est scientifique, matin + stress = crise autistique presque assurée. J’ai connu mieux pour démarrer.

J’ai créé ce séquencier l’an dernier. Nous étions à une période où mon fils savait déjà s’habiller tout seul, si nonobstant je lui avais fait une pile au bout du lit, et que je lui répétais toutes les deux minutes « Chéri ! Habille-toi, c’est pas l’heure de jouer » (Il a été un grand maître pour moi question harcèlement). Par contre, il n’avait pas encore du tout acquis la vision globale relative au départ, au changement de lieu et d’activité, à la transition dedans-dehors, et adoptait encore une posture très attentiste concernant la gestion du temps. Nous étions entre deux eaux donc. Il était nécessaire de trouver un support pour nous aider à ne pas être en retard (et en colère) tous les jours – confidence pour confidence, je fais partie des parents qui grignotent toujours un rab de temps, même une heure de rab je la mets à profit pour être à la bourre. D’autant que si nous arrivions effectivement après que ça ait sonné, mon fils, en bon petit perfectionniste, s’en infligeait toute la responsabilité et était en pleurs. Juste avant de commencer son round de collectivité pour toute la journée, glop. Vous vous doutez l’état de culpabilité dans lequel j’étais, moi l’hyperémotive.

Je vous présente son fonctionnement : non seulement c’est un récapitulatif des choses à enfiler dans le bon ordre (parce que le cartable qu’il faut enlever pour mettre le manteau puis renfiler, ce n’est pas l’efficacité ultime), mais j’y ai aussi inclus le choix par rapport au temps qu’il fait dehors (encore une fois, l’enfant en chaussures fines alors qu’il pleut et qui pleure à cause du contact avec l’eau, on peut faire mieux). Ca aura d’ailleurs servi de pense-bête à Maman, elle qui a troqué le 25°C toute l’année pour le 100 jours de pluie par an, et qui n’a pas encore développé tous ses réflexes.

Même s’il est toujours au mur, nous n’utilisons plus ce séquencier cette année. Et, depuis 1 mois je dirais, mon fils est prêt 15mn avant le départ, avec toutes ses affaires sur le dos, en train d’attendre sagement devant la porte, chevauchant sa trot’, me lançant toutes les quelques minutes si jamais « Maman, est-ce que tu es prête ? » pendant que je finis de me maquiller.

On peut conclure que ce support a parfaitement fait son office, et qu’il mérite de travailler pour vous maintenant.

Pour rappel, c’est un exemple, il correspondait à nos besoins. Téléchargez-le et utilisez-le tel quel s’il vous convient, mais n’hésitez pas à l’adapter aux difficultés que rencontre votre enfant, et à vos routines, ou encore à introduire un choix atteignable pour votre enfant (par exemple, peut-être vous alternez les moyens de déplacement ?).

Voici le lien pour télécharger le fichier :

Et vous ? C’est quoi vos astuces pour des matins paisibles ?

Salon de l’Autisme 2021 – Lyon

Les évènements publics reprennent, et cela fait énormément de bien.

Ainsi, nous participerons au Salon de l’Autisme 2021, reporté depuis le mois de mars, qui se déroulera à Lyon Bron. Il aura lieu les vendredi 22 et samedi 2 octobre 2021, dans les murs des Ecoles militaires de Santé de Bron.

Ce salon est organisé par Rencontres Internationales de l’Autisme, pour la 6e fois (mon chiffre porte-bonheur, encore un petit clin d’oeil du destin).

RIAU, ce sont des parents d’enfants autistes, qui à force d’initier des choses chacun.e de leur côté pour faire bouger les lignes pour leurs enfants et les autres, ont décidé de se réunir en association et de consacrer un espace-temps où nous pouvons nous rencontrer et co-construire, autistes, professionnel.les, praticien.nes, décideur.euse.s… Cela reste une démarche rare, à ma connaissance, il n’existe que 2-3 évènements du type en France, aucun en Suisse.

Nous nous réjouissons d’y rencontrer de nombreux.ses acteur.rice.s engagés pour la neurodiversité, certain.e.s avec lesquel.le.s nous collaborons déjà, mais à distance !

Retrouvez toutes les infos pratiques ici : conférences, ateliers,…

Si vous souhaitez vous y rendre depuis Suisse, n’hésitez pas à nous contacter (déplacements, mais aussi pour nous rencontrer). Nous y serons les deux jours pleins.

L’autonomie dès le porte-manteau

L’autonomie est un enjeu crucial dans la scolarisation d’un enfant autiste. Voyons ensemble comment la soutenir.

Un enfant autiste rencontre naturellement deux obstacles récurrents dans l’acquisition de son autonomie : le manque de repérage dans sa temporalité, et la difficulté à intégrer des consignes à 1/2/3/… étages. Si dans le cadre familial, où il obtient facilement plus d’attention et d’accompagnement dans l’exécution des gestes quotidiens, ces difficultés pourraient presque passer inaperçues parfois, elles prennent une importance autrement plus grande lorsqu’il se retrouve en collectivité, à l’école comme en périscolaire. Dans ce contexte, de nombreux parasitages polluent la capacité de l’enfant à lire et comprendre ce qui est attendu de lui : les mouvements, la foule, les nombreuses informations à décrypter en permanence, etc. Et l’autonomisation d’un enfant se manifeste dans une multitude de petites actions exécutées quotidiennement. Une multitude d’occasions donc pour l’enfant de prendre confiance en lui ou de la perdre, une multitude d’occasions pour l’adulte de se sentir démuni ou adapté aux besoins de l’enfant.

Pourtant, tous ces obstacles sont aisément affrontés et petit à petit surmontés grâce à la communication alternative augmentée (CAA pour les intimes), très concrètement par exemple avec des séquences de pictogrammes.

Qu’est-ce qu’une séquence picto ? C’est le découpage d’une action globale en étapes visuelles, comme une BD.

Quelques principes de base à rappeler avant de se pencher sur l’exemple du jour :

  • Un autiste est précis dans sa dénomination et sa conception du monde. >> Donc on n’utilise pas d’expression-valise (« se déshabiller ») mais on précise ce qu’on attend (« enlever les vêtements de dehors » > « enlever les affaires de gymnastique »)
  • On découpe au maximum une action en petites étapes. C’est peut-être évident pour vous cette action quotidienne, mais pour lui.elle, dites-vous que c’est le Pérou. Et ce n’est pas un manque d’intelligence de sa part.
  • Le plus un picto est lisible et se concentre sur l’essentiel, le mieux c’est. >> Si on veut parler des toilettes, on n’est pas obligé.e de faire figurer toute la salle d’eau. Si on mentionne l’action « s’asseoir », on a besoin de la chaise, pas de la table et du coussin en plus.
  • Les cerveaux autistes analyseraient, relativement à leur degré de fonctionnement, plus facilement les informations en noir et blanc, car ils perçoivent en priorité ces deux couleurs. Pourquoi ne pas se concentrer sur des pictos N/B, comme le modèle Makaton, et réserver les couleurs pour les fois où c’est nécessaire à la lisibilité de l’image ?

Aujourd’hui, nous allons voir comment vous pourrez favoriser l’autonomie dans le couloir, au porte-manteau. C’est souvent une étape oubliée, pourtant c’est la première chose que l’enfant fera tous les matins. Autant démarrer du bon pied !

Le séquencier qui suit sert d’exemple. Téléchargez-le et utilisez-le s’il vous convient, mais n’hésitez pas à l’adapter aux difficultés que rencontre votre enfant, et à vos routines.

Voici le lien pour télécharger le fichier :

Et vous ? Comment organisez-vous le couloir et le vestiaire ?